Il y a cinq ans, je ne savais pas que ma vision de la formation allait changer radicalement. Et pourtant, tout a commencé avec une simple proposition : un troc d’apprentissage. Cette expérience a bouleversé mes pratiques et m’a ouvert les portes d’une approche bien plus engageante et efficace.

Adeline était une collègue avec qui je travaillais dans une association et avec qui nous partagions des retours d’expérience dans nos pratiques de facilitatrices. Un jour, on s’est organisées pour faire du troc d’apprentissage : elle partageait son expertise en tant que formatrice de formateurices, et moi, je lui faisais découvrir les principes du design thinking. 💪🏻

Pendant une journée, Adeline m’a initiée aux grands principes de la formation et à la pédagogie active. Pour moi qui, jusque-là, conçevais mes formations selon un schéma classique — déversement de savoir théorique suivi d’exercices pratiques — cette approche a été une véritable révélation. Je t’explique tout !

Avant : un modèle classique mais limité

Mon approche initiale était assez simple : transmettre un maximum d’informations de manière théorique avant de proposer quelques exercices pratiques. J’avais déjà une approche qui intégrait des ateliers pratiques, mais je les positionnais systématiquement après une phase théorique. J’étais persuadée que cette méthode était efficace, comme la plupart des formateurices qu’on rencontre. Mais Adeline m’a fait réaliser que ce modèle limitait l’engagement des apprenants et freinait l’ancrage des apprentissages. Aujourd’hui, je ne suis plus du tout cette approche linéaire et descendante. Je vais t’expliquer comment ma pratique a évoluée. 👇🏻

La découverte de la pédagogie active

Adeline m’a expliqué que la pédagogie active repose sur un principe simple : les apprenants ne sont pas des récipients à remplir, mais des actrices et acteurs de leur apprentissage. Cette approche valorise leur expérience, leurs savoirs préalables et leur capacité à construire leurs propres connaissances. Plutôt que d’imposer une logique descendante, il s’agit de co-construire les savoirs avec les participant·es.

Elle m’a également initiée à plusieurs notions théoriques essentielles pour tout formateur ou formatrice :

  • Les objectifs pédagogiques : définir clairement ce que les apprenants doivent être capables de faire à la fin de la formation (coucou la taxonomie de Bloom).
  • La structuration en séquences : une formation efficace se décompose en séquences cohérentes et progressives. Chaque séquence a un objectif clair et une méthode pédagogique adaptée.
  • L’ancrage des apprentissages : l’objectif est de permettre aux stagiaires de retenir durablement ce qu’iels ont appris. Cela passe par des activités en lien avec des situations réelles et de la mise en pratique.
  • L’évaluation formative : intégrer des évaluations tout au long de la formation pour mesurer les progrès et ajuster les contenus en fonction des besoins des apprenant·es.
  • L’importance des émotions dans l’apprentissage : les émotions positives comme la curiosité ou la satisfaction renforcent l’engagement et facilitent la rétention des connaissances. C’est pourquoi, j’attache une importance particulière à l’énergie qui circule pendant les formations et à faire en sorte que les personnes se sentent à l’aise dans un cadre bienveillant et convivial.

des personnes réfléchissent avec des cartes pendant un atelier

Une belle table de formation avec plein de beau bazar, aucun ordi ouvert, personne qui ne regarde ses emails sur son téléphone. Simplement des échanges riches et quelques outils utiles à l’apprentissage !

Aujourd’hui : un renversement complet de ma pratique

Grâce à cet échange avec Adeline, ma manière de concevoir mes formations a vraiment changé. Désormais, je commence toujours par partir des savoirs de mes stagiaires. Je les invite à partager leurs expériences, à réfléchir aux problématiques qu’iels rencontrent et à explorer leurs propres pistes de solutions.

D’un point de vue théorique, cette approche s’appuie sur des concepts comme l’apprentissage collaboratif et la pédagogie socio-constructiviste. Ces méthodes valorisent le rôle actif des apprenant·es et la dimension sociale de l’apprentissage. Elles renforcent également la motivation intrinsèque des participant·es, car iels se sentent écouté·es et impliqué·es dans leur propre parcours d’apprentissage.

Voici un exemple concret : lors d’une formation, plutôt que de commencer par expliquer les principes du design UX, je propose une activité où les personnes de l’entreprise dans laquelle j’interviens m’expliquent comment se déroule un projet chez eux. À partir de ces échanges, je structure mes apports pour qu’on échange et complète leur processus de gestion de projet interne. Nous utilisons par exemple les cartes des activités UX (de la grande Ourse) et les cartes de design thinking (d’Emy Digital) pour questionner et enrichir leurs pratiques avec de nouveaux outils. Cela leur permet de découvrir les éléments par eux-mêmes et de voir concrètement ce qui est pertinent ou non dans leur entreprise. On construit ensemble ce qu’est un déroulé “classique” en design UX. Cette approche favorise l’engagement et l’ancrage des apprentissages.

des stagiaires utilisent des cartes de jeu pour apprendre

Des stagiaires découvrent via des cartes des outils design UX à mettre en oeuvre et découvrent par eux-même comment se structure un projet design.

Au fil des années, j’ai également intégré des éléments de ludopédagogie dans mes formations. Fin novembre, j’ai d’ailleurs suivi une formation avec Thiagi sur les jeux cadres, des outils puissants permettant de favoriser les apprentissages par le jeu. Cette expérience m’a apporté des idées concrètes et des méthodes pour gamifier encore davantage mes sessions, tout en restant ancrée dans une logique pédagogique structurée. Parmi les outils que j’y ai redécouverts, les “jolts” que j’apprécie particulièrement. Ces activités courtes et percutantes permettent de créer des moments d’éveil et d’ancrage puissants en mobilisant la surprise ou l’expérimentation directe. Elles sont idéales pour capter l’attention, remettre en question des idées préconçues et favoriser une meilleure rétention des apprentissages.

la formation thiagi sur les jeux d'apprentissage

La formation de Thiagi à laquelle j’étais, je te propose de jouer à “où est Carole ?”

Un changement qui véritablement changé ma posture

Une autre leçon essentielle que j’ai tirée de mon parcours est l’importance de la posture de formateurice. Trop souvent, on attend des formateurs et formatrices qu’iels soient des sachants absolus, dépositaires exclusifs du savoir. Pourtant, j’ai découvert que la véritable richesse d’une formation réside dans l’interaction et la co-construction avec les apprenant·es. Être une bonne formatrice, pour moi, c’est accepter qu’on ne sait pas tout sur tout, et savoir s’appuyer sur les savoirs et expériences de son auditoire.

Cette posture d’humilité et d’ouverture présente plusieurs avantages majeurs :

  • Travailler sur les cas concrets des stagiaires : cela permet d’être au plus proche de leurs besoins réels et de maximiser la pertinence des apprentissages.
  • Enrichir le groupe : chaque personne apporte des perspectives uniques, ce qui enrichit les discussions et offre une diversité d’approches.
  • S’enrichir soi-même : en tant que formateurice, on apprend aussi énormément en échangeant avec les stagiaires, ce qui nourrit continuellement nos propres pratiques.

C’est souvent ce que je trouve dommage quand je vois des formateurices qui s’accrochent à leur rôle d’expert·e. Iels ont peut-être peur qu’on les prenne pour des imposteurices ? Pour ma part, je n’ai jamais été aussi sûre de moi que depuis que j’ai adopté cette posture. Je n’ai jamais eu de retour qui disait “elle ne connaît rien”, “elle ne maîtrise pas son sujet”, etc… Au contraire, je connais tellement bien mon sujet que je suis capable de m’en détacher, de mener les stagiaires aux apprentissages primordiaux pour moi et aussi d’improviser le moment venu pour m’adapter au plus près de leur contexte.

Les retours que j’ai eu lors de ma dernière formation à la facilitation d’ateliers.

Quelques principes clés de la pédagogie active

Il m’arrive encore de participer à des formations descendantes où les présentations PowerPoint s’enchaînent sans interaction. Ces moments me rappellent à quel point il est difficile de rester concentrée et d’ancrer les apprentissages dans ce type de format. Cela m’a amenée à être beaucoup plus attentive aux modalités d’apprentissage avant de m’inscrire à une formation. Aujourd’hui, je privilégie celles qui favorisent l’engagement actif, car je n’arrive vraiment plus à suivre des formats purement descendants.

Mon expérience depuis 5 ans a enrichi mon approche en consolidant ma compréhension de la pédagogie active, qui se base sur les principes suivants :

  • Apprentissage par l’action : les participant·es apprennent mieux en faisant. Propose des activités concrètes, comme des simulations, des jeux ou des exercices pratiques.
  • Participation collaborative : encourage les interactions entre personnes. Les discussions en groupe et les travaux collaboratifs enrichissent les apprentissages.
  • Feedback régulier : offre des retours fréquents et constructifs pour guider les participant·es et les aider à progresser.
  • Lien avec le réel : ancre les apprentissages dans des situations concrètes pour que les stagiaires puissent les transposer facilement dans leur quotidien.
  • Utilisation de supports variés : alterne entre différents types de médias et d’outils (vidéos, schémas, discussions) pour s’adapter aux différents styles d’apprentissage.


Si toi aussi tu veux apprendre à faire des formations en rendant actives les personnes et en incluant la ludopédagogie, je propose une formation de 2 jours dédiée à ça ! Tu peux la retrouver sur la page formation de mon site. Je serai ravie de pouvoir t’accompagner dans cette nouvelle aventure !

> En savoir sur ma formation en ludopédagogie

Conclusion

Cette journée d’échange avec Adeline, les formations que j’ai suivi, ma pratique de facilitatrice qui a évolué depuis 10 ans m’ont permis de proposer des formations avec lesquelles je suis vraiment à l’aise aujourd’hui. En repensant ma manière de concevoir et d’animer mes formations, j’ai non seulement amélioré l’expérience des participant·es, mais j’ai aussi régulièrement des retours bien plus positifs. Et toi ? C’est quoi ton style ?

Published On: 18 décembre 2024Categories: Ludopédagogie, Tous

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